Bibliothèque Centrale

Conseils de lecture des bibliothécaires

BibliOdyssées : foudre, index, exil, talismans

 

Textes de Kamel Daoud et Raphaël Jerusalmy ; notices de Joseph Belletante et Bernadette Moglia.

[Paris] : Imprimerie Nationale Éditions ; Arles : Actes Sud, 2019. – (Mémoire vive, n°29). – ISBN 978-2-330-11985-0.

 

Superbe mot-valise hellénisant que ce « BibliOdyssées », programme à lui tout seul d’une exposition consacrée à des œuvres rescapées, livre d’aventures en lui-même dont les livres seraient les personnages principaux. Mais qu’en est-il au juste passé l’entrée ? Le sous-titre (de couverture) prête en tout cas à confusion : « 50 histoires de livres sauvés »… Certes, quelques-uns de ces cinquante récits bibliographiques relatent bien le sauvetage d’œuvres ou de collections menacées de disparition par les flammes, l’eau, la guerre, la censure ou l’égarement, conformément aux titres des trois premières sections : Foudre, Index, Exil. Tel ce Jardin des Délices d’Herrade de Hohenbourg (12e siècle), brûlé lors du bombardement de Strasbourg par l’armée prussienne en 1870 et dont les superbes miniatures ont été recomposées à 80 % à partir des copies d’amateurs qui en avaient été faites ; ou ces 39.000 volumes de la Bibliothèque nationale italienne sauvés des eaux suite à l’inondation de Florence en 1966 ; tels encore ces manuscrits de Mossoul courageusement sauvés des griffes destructrices de Daech par un père bénédictin. On frissonne tantôt à l’idée que Max Brod, exécuteur testamentaire de Franz Kafka, aurait tout aussi bien pu suivre les directives de ce dernier et brûler pour de bon les manuscrits du Procès et du Château !

Mais en général il s’agit plutôt de parcours atypiques et plus ou moins rocambolesques d’œuvres qui auraient pu disparaître ou tout simplement ne pas voir le jour, sans les efforts de tel ou tel descendant, philologue ou éditeur : ainsi, les Damnés de la terre de Frantz Fannon, dont les épreuves furent remises à l’éditeur trois jours avant la mort de leur auteur ; ou le manuscrit des Sept piliers de la sagesse que T. E. Lawrence oublia (!) sur un quai de gare et dut réécrire de mémoire ; ou encore cet exemplaire richement enluminé d’une Haggadah (sorte de livre d’heures hébreu) réalisé à Barcelone en 1350, promené au cours des siècles à travers l’Europe, caché successivement (et plus ou moins légendairement) dans une mosquée, au pied d’un pommier et dans une banque, avant de revenir enfin dans un musée de Sarajevo où il est visible à nouveau depuis 2017.

D’autres exemples rejoignent plutôt le fil conducteur « par la bande », et il faut parfois s’y prendre à deux fois pour comprendre où et quand un livre a été sauvé ou même mis en péril dans l’affaire, à la manière de l’Heptaméron de Marguerite de Navarre (victime en réalité d’éditions peu fidèles à l’original et auquel seule une édition scientifique digne de ce nom a pu rendre justice), ou du Traité des trois imposteurs qui, sous l’Ancien Régime, fut un « coup de marketing » éditorial mâtiné de mystification littéraire, mais dont l’existence ne fut jamais menacée pour autant. Et comment comprendre l’évocation du cas d’Edward Snowden, sinon en considérant la « fuite » de documents classés secret défense comme un « sauvetage » (certes héroïque) d’informations ?

Au bout du compte, c’est surtout un hommage au courage appliqué à la littérature qui se dégage du parcours, avec ses héros de guerre (Jenny Delsaux, Primo Levi, Vassili Grossman), ses victimes de l’intolérance (Jean Grave, condamné pour anarchisme, Didier Daeninckx, censuré à Orange), enfin ses tâcherons anonymes ou presque, tel cet éboueur de Bogotá qui récupéra 25.000 livres des poubelles et en fit… une bibliothèque publique (son exemple fut suivi en 2018 par des éboueurs ankariotes). Une initiative intéressante, mais qui a tout de même de quoi rendre un bibliothécaire perplexe.

Après les sauveurs de livres, la dernière partie, Talismans, aborde les « livres sauveurs », ceux qui ont aidé leurs auteurs ou leurs lecteurs à survivre, qu’il s’agisse du seul objet emporté par un réfugié, de celui qu’on prend avec soi dans la tombe ou sur une île déserte, de celui qu’on ne peut manquer de « lire avant de mourir », ou de celui qui, porté près du cœur, vous sauve littéralement en prenant une balle à votre place. Le livre comme remède à la mort.

On le voit, le propos n’échappe pas à un certain consensualisme et participe en tout cas à une sacralisation du livre à laquelle le bibliothécaire ne peut sensément adhérer qu’à moitié, lui qui est là pour conserver, diffuser, mais aussi… élaguer, un gros mot qu’on ne verra pas dans ces pages. Faut-il donc être pris de remords à l’idée de se débarrasser peut-être du dernier exemplaire de ce roman de gare que plus personne n’emprunte depuis quinze ans ? Et qui sait si nous ne sommes pas en train d’oblitérer de la mémoire collective des chefs-d’œuvre non encore révélés, des Chants de Maldoror qu’un Breton n’a pas encore redécouverts ? La question de la suppression (nécessaire) des livres, concomitante à celle de leur conservation, n’est pas ici à l’ordre du jour.

Enfin, mentionnons les deux textes d’ouverture, d’une qualité littéraire indéniable quoique inégale, et qui élargissent la perspective de l’ouvrage pour en faire un peu plus qu’un catalogue d’exposition. On félicitera en particulier le travail aussi bien scientifique que littéraire dont résulte « L’âne et le rapace » de Raphaël Jérusalmy, qui s’est attaché à ressusciter une fable quasiment perdue d’Ésope. Rappel salutaire : alors même que nos librairies et nos bibliothèques croulent sous le poids des rentrées littéraires et des best-sellers, les lettres restent chose fragile et digne d’être sauvée.

 

— H.R.

Orchestrer l'intelligence collective

Des repères pour les dirigeants, les managers et les responsables des ressources humaines afin de générer une performance durable

 

Charlotte Du Payrat​ ; avec la colla. de Charles-Henri Besseyre des Horts

Montreuil: Éditions Pearson, 2019. – (Management). – ISBN 978-2-7440-6742-6.

 

Voilà un livre dont le projet est de baliser, dans les entreprises, l’orchestration de l’intelligence collective par le RRH (Responsable Ressources Humaines) dont l’ADN serait de mettre le facteur humain au centre des ses préoccupations. En effet, pour l’auteure, « tout manager sait intuitivement que lorsque son équipe est heureuse de travailler ensemble, qu’elle s’entraide et s’écoute, les (bons) résultats finissent toujours par arriver : un enthousiasme collectif enclenche une dynamique positive » (p. 146). 

D’où le projet de « guider le salarié dans la construction d’un parcours répondant à ses motivations intrinsèques. [Le RRH] cherche alors à identifier ses aptitudes innées, c’est-à-dire les compétences que la personne parvient à exercer sans difficulté, naturellement presque sans effort. Il sait qu’un projet professionnel qui s’appuie sur des aptitudes est facteur de succès, source de motivation et de plaisir au travail, et favorise par là l’épanouissement et l’engagement » (p. 57). Dès lors le burn out, par exemple, cesse d’être une épreuve individuelle : en faisant du salarié un bouc-émissaire et un fusible, il est plutôt symptôme potentiel d’une intelligence collective faible ; « le burn-out ne s’explique pas par les logiques rationnelles et analytiques auxquelles [l’entreprise] est habituée. Aborder réellement le burn-out, c’est accepter de tenir compte de l’intelligence émotionnelle, de la cohésion des équipes, de la fragilité inhérente à notre condition humaine » (p. 93). Ce qui, prévient l’auteure, ne signifie pas que la liberté puisse être donnée à tout va, sans réflexion, sans lucidité quant aux motifs inconscients du RRH de préférer cette voie. Ainsi, on examinera si « la recherche du bien-être du salarié [n’est pas]qu’une posture dans le chef du RRH, pour l’amener à se montrer plus productif ? » (p. 146). Dans le chef des salariés (particulièrement dans un environnement ultra-individualiste, compétitif et agressif), il y a lieu parallèlement d’examiner si ceux-ci n’en viennent pas à « adopter une posture où l’hypocrisie et la fausse bienveillance ne sont qu’une manière de dominer parmi d’autres » (p. 149) et de servir « les intérêts de personnes en quête de pouvoir personnel » (p. 105).

L’auteure n’économise donc pas les mises en garde et recommandations quant à la façon de conduire un projet d’implantation et d’orchestration de l’intelligence collective, et prévient contre les dangers du laxisme. La place du RHH s’avère délicate : il a besoin de l’appui et de la confiance du dirigeant : « il est essentiel que celui-ci soit convaincu des bénéfices que la création d’un univers tenant compte des logiques humaines apportera aux salariés et à l’entreprise » (p. 65) et il ne peut considérer cela comme secondaire au regard de la rentabilité économique, et doit par exemple permettre que ce qui lui remonte du vécu des salariés soit anonymisé.

Notons, chez l’auteure, le goût de pratiques et de justifications qui peuvent sembler osées : le jeu des acteurs de théâtre sert de modèle, car il laisse plus de place à l’improvisation et à l’intuition. L’auteure se réclame aussi d’une conception de l’erreur renouvelée : « les projets sont lancés sans que l’on ait cherché à les planifier, à les valider, à les inscrire dans un réel parfaitement maîtrisé, sans assurance de retour sur investissement. Certains ne porteront pas de fruits : ils seront néanmoins riches en enseignements, car ils auront permis d’explorer, d’expérimenter, de mieux appréhender le futur et l’environnement. L’important dans ce cadre n’est plus le formatage des projets et leur viabilité mais l’expérimentation d’une diversité de projets, avec l’enthousiasme pour critère de choix essentiel » (p. 115)

Enfin, dans un chapitre de conclusions, l’auteure examine les enjeux de l’intelligence collective dans le contexte sociétal de la percée des starts up et de l’intelligence artificielle, et des algorithmes menaçantes pour la liberté et l’intimité. Il s’agit de « prioriser l’épanouissement du salarié avant même de porter attention aux produits et aux actionnaires, à la fois par conviction et par éthique » (p. 175). L’auteure nous avait prévenu dès les premières pages : c’est à un changement de type 2 (selon l’école de Palo Alto) qu’elle en appelle, changement comme de l’eau à partir de 100 °C : « l’eau acquiert alors des caractéristiques totalement différentes (volume, densité…). Toutes les règles qui s’appliquaient à elle, à l’état gazeux sont remises en question (comme la possibilité d’être dans un contenant…) » (p. IX).

— C.R.

Histoires insolites du patrimoine littéraire

 

Gérard Durozoi

Vanves : Hazan, 2019. – (Beaux-arts).

ISBN 978-2-7541-0587-3.

 

Cette promenade dans l’univers des livres et des bibliothèques aborde divers aspects curieux et insolites de leur histoire : le texte, la langue inventée, naturelle ou universelle, l'auteur fictif, anonyme ou dissimulé, le public, les relations avec d'autres écrits, les illustrations, la reliure et le façonnage.

Parcourons quelques chapitres de ces Histoires insolites du patrimoine littéraire.

Quelques ouvrages connus ou moins imprégnent notre civilisation comme Le livre des Morts des anciens égyptiens, Les tablettes du bouddhisme, l’Utopie de Thomas More ou les Contes de Perrault. Ils font autorité et sont cités comme fondateur de notre patrimoine littéraire.

Des textes oubliés, disparus ou inaccessibles sont retrouvés. Cet ouvrage évoque parmi d’autres exemples les Manuscrits de la mer Morte, ou l’ouvrage du Marquis de Sade Les 120 journées de Sodome. On y trouve aussi des écrits révélant des supercheries et des interprétations discutables.

Venons-en à la bibliothèque décrite comme une collection de textes où l’imagination s’associe à l’érudition. On prendra l’exemple de la bibliothèque d’Alexandrie où, par sa destruction, des pans entiers de la culture et de l’érudition auraient disparus. Elle devient presque une bibliothèque mythique nous livrant peu de chose mais alimentant l’imaginaire.

La reliure serait mise en exergue par Arcimboldo dans son Bibliothécaire où les livres s’empilent pour former un visage et un buste montrant des reliures soignées et frappées d’ornements dorés. Étrange représentation proposant une autre image de reliures que celle proposée par les bibliophiles.

A découvrir aussi parmi d’autres chapitres de l’ouvrage, les relations entre texte et images, l’importance de l’imprimerie, de l’édition et de leur histoire.

— M-C.J.

La grande aventure de la bande dessinée : histoire, influences, évolution

Volume 2, le tournant des années 60 et 70

 

Christian Staebler ; illustré par Alain Grand, Benoît Preteseille et Christian Staebler

Montrouge (Hauts-de-Seine) : PLG, 2020. – (Mémoire vive, n°29). – ISBN 978-2-917837-36-8.

 

Prévue en 3 tomes, « La grande aventure de la bande dessinée » retrace l'histoire mondiale du neuvième art. Ce tome 2 se concentre sur les grands changements survenus à partir des années 60 et 70.

Durant ces décennies, le paysage de la bande dessinée va radicalement se transformer. Une jeune génération d'auteurs, désireuse de s'émanciper de ses aînés, va créer ses propres revues telles « L'Écho des Savanes », « Métal Hurlant », « Fluide Glacial », etc. Cette profusion de fanzines, dont certains plus analytiques, va ouvrir la voie aux premières revues critiques et encourager des librairies à s’engager dans l'édition indépendante et, ainsi, se libérer des normes de la BD classique. 

Tous ces changements vont entrainer l’apparition d’un lectorat plus adulte mais aussi celle de la censure. Ces années seront également celles de la mondialisation de l'édition qui s'ouvre alors à d'autres cultures dont le manga. 

Le texte est abondamment complété de citations et d'extraits d'interviews issus de sources variées. Il est illustré d'hommages parodiques réalisés par l'auteur et par Alain Grand. Chaque chapitre est introduit par une double page en bande dessinée réalisée par Pierre Klein. Le tome 3 reviendra sur la période récente et les dernières évolutions.

 

— R.T.

Lire !

 

Bernard Pivot & Cécile Pivot

[Paris] : Flammarion, 2018. – (Mémoire vive, n°29). – ISBN 978-2-0814-1630-7.

 

Au prisme de leurs expériences respectives de journalistes et avant tout de grands lecteurs, le père et la fille se livrent à une partie de ping-pong autour de ce qui constitue, dans notre société, l’acte de lire. Avec une subjectivité tout assumée, ils décortiquent, l’une après l’autre, l’autre après l’un, les diverses facettes de l’habitus « lecteur ». Car lire, ce n’est bien sûr pas que ça : lire, c’est d’abord avoir appris, c’est le vouloir ; c’est ensuite choisir, acheter (ou emprunter), c’est trouver le temps, le lieu, s’installer, chausser ses lunettes si on en porte, s’interrompre ou continuer jusqu’au bout, relire éventuellement, partager ce qu’on a lu, conseiller, prêter, offrir (« Offrez des livres ! Ils s’ouvrent comme des boîtes de chocolats et se referment comme des boîtes à bijoux »), enfin ranger, garder ou jeter. Autant de moments, de gestes, de décisions qui dessinent le profil du lecteur que l’on est. Dis-moi comment tu lis…

On s’en doute, malgré le lien de filiation, Cécile n’est pas Bernard. Pour autant, l’aura du lecteur professionnel qu’on connaît, journaliste, présentateur, membre du jury Goncourt, ne relègue pas dans l’ombre le vécu plus discret, plus moderne mais non moins boulimique de la lectrice amateur. Leurs voix alternent comme un pied gauche et un pied droit, ou comme deux guides qui nous accompagneraient dans cette balade au pays des livres, tantôt évoquant un souvenir, tantôt prodiguant un conseil. Le guide Bernard, fidèle à son image, se livre comme un bon vin, rond, généreux, pas élitiste pour un sou, révélant à l’occasion telle anecdote de tournage, tel secret de préparation, tel avis indiscret, mais toujours bon enfant ; la guide Cécile va, elle, d’un pas plus rapide, enfourche sans hésiter son vélo de ville et nous fait visiter ses lectures comme on ferait le tour des cafés et des libraires de Paris. Le mieux à faire reste certainement de se laisser guider en gardant un stylo à portée, car au fond qui mieux que les Pivot pour nous mettre un livre dans la main et nous orienter dans la jungle touffue de ce qui s’écrit et se lit ?

On reprochera peut-être à ce projet d’éditeur son côté un peu superflu et tautologique, tant il semble s’adresser à un public de convaincus. Au mieux peut-on espérer qu’il fasse entrer de plain-pied dans la lecture l’hésitant qui se tenait à la porte, pétrifié de peur devant la taille de l’institution littéraire. Les deux aimables cerbères n’auront pas trop de toute leur élégante modestie pour atténuer l’élitisme involontaire de ceux pour qui lire va de soi, qui en maîtrisent d’emblée les codes, et à qui l’idée d’une vie sans lecture ne viendrait même pas à l’esprit. « Lire ! », avec un point d’exclamation : lire, comme une injonction, comme une évidence, comme une réponse à tout.

Mais aussi : regarder ! ou (se) regarder lire ; car l’ouvrage fait également la place belle aux images, qui se donnent comme autant de miroirs : célébrités lisant (James Dean, Marilyn Monroe, François Mitterand), écrivains lisant (Steinbeck, Simenon, Ionesco, Pennac), tableaux, photographies, dessins, couvertures agrémentent le voyage et en font, avant tout, une lecture plaisir. Pour une défense du plaisir de la lecture : la boucle est bouclée !

 

— H.R.

Le livrarium

Figures du livre dans la bibliothèque électronique de Lisieux

 

Coordination de Nicolas Taffin et Florence Morel ; entretien avec Olivier Bogros ; préface Hervé Le Crosnier

Paris : Emém des textes, 2017. – (Acquisition et transmission des savoirs. Information-communication). – ISBN 979-10-96812-01-1.

 

On pourrait définir le Livrariun comme un musée imaginaire du livre voulant rendre la connaissance accessible à tous et en tout lieu utilisant le Web comme vecteur de diffusion. En peu de mots : c’est une bibliothèque numérique. Développée depuis plus de vingt ans par la médiathèque de Lisieux, son créateur Olivier Bogros a voulu développer un réservoir de textes accessibles facilement et gratuitement. Pour lui, c’est une question de partage, de circulation des savoirs et de rendre la connaissance accessible. Partant de son fonds ancien, il propose une sélection d’articles, de nouvelles ou brochures aussi oubliés qu’improbables faisant partie du domaine public. A cela s’ajoute un travail d’édition, d’harmonisation dans le respect des textes. Outre l’écrit, on trouve également une galerie thématique d’images et aussi un fonds sonore.
Rendez-vous sur le site de la bibliothèque électronique de Liisieux rassemblant une collection hétéroclite de textes littéraires et documentaires, scientifiques et fictionnels, sérieux ou amusants.

Cet ouvrage est une sélection de travaux qui portent sur la typographie, l’édition, le livre, et la transmission du savoir proposant des textes réparti en différents chapitres : le pavillon des auteurs, le laboratoire des éditeurs, l’atelier des imprimeurs, le cabinet des lecteurs, et enfin la galerie des bibliophiles.

Et on débute par les conseils aux jeunes littérateurs donnés par Charles Baudelaire, tout un programme !

— M-C.J.

Où sont les bibliothèques françaises spoliées par les nazis ?

 

Sous la direction de Martine Poulain​

Villeurbanne : Presses de l'Enssib, 2019. – (Papiers). – ISBN 978-2-37546-106-8.

 

En mars 2017, un colloque international, organisé par le Centre Gabriel Naudé de l’Enssib posait cette question : « Où sont les bibliothèques spoliées par les nazis ? ». Une partie des contributions sont rassemblées dans cet ouvrage, plus particulièrement, celles cherchant à localiser quelque 14 000 livres spoliés déposés dans une quarantaine de bibliothèques françaises entre 1950 et 1953 et à en connaître les caractéristiques.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les forces nazies se livrent à des pillages d'œuvres d'art et de bibliothèques dans tous les pays occupés. Quelque 5 millions de livres seront saisis en France. Qu’elles aient appartenu à des intellectuels allemands ayant fui le régime ou des familles juives déportées, c’est la minutie dans le pillage de ces bibliothèques qui sidère.

Évidemment, pour le nazisme, il s’agissait aussi de faire disparaître la moindre trace de la culture juive. « Détruire ces milliers de bibliothèques familiales ne répond à aucune stratégie d’enrichissement des bibliothèques nazies, mais avant tout à une volonté de détruire une culture, d’accompagner l’élimination physique des personnes du meurtre symbolique de leur esprit » (Martine Poulain).

Lors de la Libération, les ouvrages n’ont pas pu retrouver leurs propriétaires pour autant qu'ils aient survécu. Les forces de libération ont, en effet, souvent considéré ces ouvrages comme un butin de guerre, légitimement repris à l’ennemi. Dès lors, comment identifier, et le cas échéant, restituer les œuvres ? D'autant plus qu'à partir de 1950, ces opérations sont interrompues alors que des centaines des milliers de livres n’ont pas retrouvé leurs propriétaires.

Après un oubli de plus de cinquante ans, chercheurs et bibliothécaires s’efforcent aujourd’hui de récupérer ces documents, qui se trouvent souvent dans des bibliothèques publiques d’Europe de l’Est, d’Allemagne et d’Autriche, mais parfois aussi dans des bibliothèques françaises.

— R.T.

Lire / écrire

 

photographies Bernard Plossu ; texte de Bernard Noël​​

Crisnée : Yellow now, 2019. – (Les carnets, n° 18). – ISBN 978-2-87340-442-0

 

Cet ouvrage s'inscrit dans la collection Les carnets, mise au point avec Bernard Plossu qui se propose de revisiter les archives d'un photographe ou d'un collectionneur et d'en prélever des séries thématiques.

Bernard Plossu a ici extrait de ses archives des images montrant : des lecteurs ou des lectrices – au Mexique en 1966, en Inde en 1989 ou à Paris en 2017 – en train, en rue ou au lit ; des écrivains au travail – Perec, Butor, Bailly ou Noël ; des librairies et des bibliothèques – à Palerme, à Berkeley ou à Delhi ; des hiéroglyphes et des graffitis – en Égypte ou à Toulon. Un texte de Bernard Noël introduit cette série d'images.

— R.T.