Bibliothèque Centrale

Actualité de la Centrale

IFLA 2022 : inspire, engage, enable, connect 

 

Connect, c’est peut-être le mot le plus important de cette session. En effet, après 2 ans de pause due au Covid, nous nous retrouvons enfin! C’est un sentiment qui a prévalu tout au long de ces 4 jours. Après une formule hybride l’année passée, les bibliothécaires du monde entier ont donc repris le chemin de cette grand-messe dédiée à notre métier : le World Library Information Congress. 2100 délégués venus d’une centaine de pays ont donc pu assister à 150 sessions lors de ce congrès tenu à Dublin du 26 au 29 juillet 2022. 

 

Nous avons pu assister à beaucoup de moments forts lors de ces trois jours, à commencer par la cérémonie d’ouverture où nous avons été accueillis par la maire de Dublin, Caroline Conroy. La présidente élue Vicki McDonald a ensuite partagé son engagement envers une gouvernance solide et la transparence.

L'ancienne présidente de l'Irlande, Mary Robinson, est montée sur scène pour discuter de la crise climatique et défier le public de considérer le rôle que leur silence joue dans la perpétuation de la transition des dommages loin des combustibles fossiles et un engagement à l'espoir et à la communication malgré l'adversité à venir.

Un autre moment fort fut la soirée culturelle organisée par Central Library and Cultural Centre de Dún Laoghaire ; les officiels, délégués et volontaires ont pu découvrir la gastronomie irlandaise mais aussi assister à des démonstration de chant et de dance traditionnelle. La soirée s’est finie par une disco au sein de la bibliothèque ! Qui a dit que les bibliothécaires étaient calmes et aimaient le silence ???

Entre deux conférences, nous avions la possibilité de visiter le hall des expositions où de nombreux fournisseurs de bibliothèques étaient présents. Sans oublier ls posters présentés par les bibliothèques du monde entier, beaucoup d’entre eux présentaient les activités développées lors de la période de covid.

 

La version actualisée du manifeste IFLA/Unesco sur les bibliothèques 

 

« Le Manifeste IFLA/UNESCO des bibliothèques publiques proclame la conviction de l’UNESCO que la bibliothèque publique est une force vive pour l’éducation, la culture et l’information, et un agent essentiel de promotion de la paix et du bien-être dans l’esprit de tous. »

 

Pour rappel, le premier manifeste a été publié en 1949 et a été actualisé au fil des années. La dernière version datant de 1994, il était temps de créer une version plus en phase avec le quotidien de nos bibliothèques et l’évolution des technologies. L’Unesco et IFLA (particulièrement la section bibliothèques publiques) se sont donc lancé dans la mise à jour de ce document pour s’assurer qu’il reflète au mieux les réalités et les missions des bibliothèques publiques d’aujourd’hui. La section bibliothèques publiques a donc lancé une enquête mondiale en 2020. Avec plus de 600 réponses, cela a permis d’en apprendre plus sur la façon dont les bibliothécaires utilisent le manifeste dans leur quotidien mais aussi de recevoir des suggestions d’améliorations.

 

Dans leurs réponses, les bibliothécaires ont fait part de situations d’utilisation du manifeste pour plaider en faveur d’améliorations dans leurs bibliothèques, pour montrer aux élus et aux décisionnaires budgétaires l’importance des financements, pour défendre le libre accès et résister à la censure, pour développer des activités mieux adaptées aux usagers, s’en servir de référence pour la recherche, et dans bien d’autres cas encore. De plus, Lorsqu’ils ont été interrogés au sujet de l’efficacité du manifeste à refléter la mission des bibliothèques publiques aujourd’hui, 78 % des sondés ont jugé le manifeste efficace ou très efficace.

 

Mais qu’y-a-t-il de nouveau dans ce manifeste ?

La notion de sociétés du savoir. Il est évident pour tous et toutes que la façon dont on accède au savoir a évolué depuis 1994 ! Le manifeste mis à jour reflètera le rôle de la bibliothèque publique dans la réalisation d’une société du savoir en aidant les communautés dans l’accès à l’information, sa création et son partage d’une manière équitable. Ceci comprend la médiation proactive envers des publics nouveaux, le fait de tenir les communautés informées et conscientes de ce qui se passe, de s’approprier et de proposer l’accès à l’information locale, et de pourvoir un libre accès à l’information scientifique.

L’accès à distance. La période de confinement et les suites du Covid nous ont montré l’importance de l’accès à distance. Le rôle des bibliothèques dans la fourniture de services au bénéfice des communautés sera désormais souligné à la fois en termes de services présentiels  et de services proposés à travers l’accès distant.

Les bibliothèques et le développement durable. En tant qu’espaces accessibles publiquement  pour l’échange d’information, le partage de la culture, et la promotion des activités civiques, les bibliothèques doivent être considérées comme des agents essentiels du développement durable. 

A travers leurs activités relatives à l’information, l’alphabétisation, l’éducation et la culture, les bibliothèques contribuent aux Objectifs de développement durable de l’ONU et à la construction de sociétés plus équitables, humaines et durables. Ceci est particulièrement pertinent lorsqu’il s’agit de la responsabilité de la bibliothèque pour assurer l’inclusion, l’accès, et la participation à la culture commune des communautés marginalisées, des populations indigènes, et des usagers ayant des besoins particuliers.*

Le nouveau manifeste peut être consulté, en anglais, à cette adresse : https://repository.ifla.org/handle/123456789/2006 La version francophone est en cours de traduction. 

 

L’incontournable : le prix IFLA/Systematic de la meilleure nouvelle bibliothèque 2022

Le prix est décerné à la bibliothèque qui a le mieux réussi à combiner une architecture ouverte et fonctionnelle avec des solutions informatiques créatives et qui a inclus à la fois les développements numériques et la culture locale. Pour être éligible au prix, la bibliothèque doit être soit nouvellement construite, soit située dans des bâtiments qui ont déjà été utilisés à des fins non bibliothécaires. Le jury est composé de 9 membres de 3 sections différentes : public libraries, Metropolitan libraries  et Building and equipment.   

Quatre bibliothèques étaient en lice pour ce prix : Ogre Central Library en Lettonie, Ithra library en Arabie Saoudite, Missouri public library aux Etats-Uni et Gellerup public library au Danemark. 

 

La bibliothèque Ogre Central a été fondée en 1928 et rénovée récemment en mettant l’accent sur la durabilité. Déjà durant les travaux, de nombreux efforts ont été fourni pour réduire leurs émissions de CO2. Le bâtiment en lui-même utilise 80% de lumière naturelle et est équipé de panneaux solaires sur le toit. Ceux-ci permettent de fournir l’électricité pour la nouvelle camionnette électrique. D’autre part, un mur vert décore l’atrium sur deux étages et celui-ci est arrosé par l’eau de pluie. Enfin, le bâtiment est intégré dans la nature alentour. 

De nombreuses animations autour de l’écologie sont proposées aux enfants pour qui la section jeunesse a été totalement repensée : elle est divisée en « sections » comme le lieu calme, le lieu d’activité (équipé d’un mur d’escalade!) ou encore la section petite enfance. C’est ce focus sur l’enfance et la durabilité qui a plus au jury. 

 

La bibliothèque Ithra en Arabie Saoudite est intégrée au sein d’un vaste espace culturel qui abrite aussi un musée pour enfants, un cinéma, des théâtres et un pôle scientifique sans oublier un bel espace extérieur adaptable à toutes sortes d’activités. Elle possède 300 000 ouvrages en arabe et anglais répartis sur 6 000 m2 c’est-à-dire 4 étages dont un entièrement dédié aux non-fictions. La bibliothèque offre de nombreuses activités comme une bourse d’échange de livres, des séances de dédicaces, de lectures de poésie ou encore une foire du livre jeunesses (dont la Belgique était l’invitée d’honneur l’année passée!). A noter le nombre impressionnant de visiteurs : 30 000 les bons jours! Cette bibliothèque est enterrée à 80 % afin de préserver la fraîcheur tout en permettant une grande économie d’énergie.

 

La bibliothèque publique de Missoula a été totalement repensée suite à un constat en 2008 : la bibliothèque n’était plus du tout adaptée à une population en pleine croissance. Alors qu’elle avait environ 1 700 visiteurs par jour, elle n’offrait que 38 places assises. Une grande enquête auprès du public a été menée afin de savoir ce qu’ils voulaient de leur bibliothèque ( il faut savoir qu’aux Etats-Unis, la plupart du financement vient du privé et de « bond issues », sorte de taxe payée par les habitants d’un comté). Il a donc été décidé que pour offrir un lieu le plus attrayant et accueillant possible, la bibliothèque partagerait ses nouveaux locaux avec un centre de ressources aux médias et un musée pour la jeunesse (Living lab et Children first museum). L’accès à tous ces services est totalement gratuit! De plus, le choix a été fait de permettre une circulation fluide entre les différents espaces en évitant une délimitation trop marquée et en optant pour une décoration similaire. Cette fluidité se retrouve aussi dans les espaces dédiés au personnel puisqu’ils sont tous sur un même workspace ; ce qui permet les échanges entre diférentes institutions et donc la création d’activités communes.  

L’accent a aussi été mis sur la durabilité et l’écologie en utilisant l’énergie solaire et hydrothermale mais aussi en faisant attention à la consommation d’eau.  

A noter que l’idée a été proposée aux habitants de changer de nom pour quelque chose de plus « neutre » comme the Link mais ils ont largement voulu garder le nom de bibliothèque.  

 

La bibliothèque Gellerup au Danemark dans la ville d’Arhus a aussi mis l’accent sur la durabilité lors de sa construction en réutilisant du matériel mais aussi de l’ancien pour son mobilier (par excelle en utilisant du mobilier d’autres bibliothèques); ils ont aussi demandé la contribution de la communauté pour décorer. L’utilisation de bois, du contrôle de la lumière et une plus grande connexion vers l’extérieur ont été importants. Cette bibliothèque est au centre d’un projet de développement du quartier.  

 

La bibliothèque lauréate est celle de Missoula aux Etats-Unis. Le président du jury, Jakob Guillois Lærkes, explique leur décision : « Cette année, le champ des bibliothèques nominées est particulièrement solide et révèle l'étendue des nouveaux bâtiments de bibliothèques. Des grands et impressionnants bâtiments de prestige aux solutions innovantes et durables et aux plus petits lieux de réunion locaux. Mais la bibliothèque publique de Missoula a tout pour plaire. Le bâtiment se distingue par sa belle architecture qui rend hommage au paysage environnant tout en fonctionnant comme une bibliothèque avec une richesse d'offres et de possibilités qui sert également de lieu de rencontre pour la communauté locale. La bibliothèque obtient donc un score élevé par rapport à tous les critères du prix. C'est une bibliothèque que vous aimeriez avoir dans votre propre région. C'est une bibliothèque construite pour l'avenir.

 
 En conclusion, ce fut une vraie joie d’enfin se retrouver en personne et de célébrer notre métier ! Nous repartons de Dublin des idées plein la tête afin de développer nos pratiques quotidiennes. Rendez-vous à Rotterdam l’année prochaine !


 

 

 

 

* https://www.ifla.org/fr/news/le-manifeste-des-bibliotheques-publiques-25-annees-de-plaidoyer-et-il-y-en-aura-bien-dautres/#:~:text=Le%20Manifeste%20IFLA%2FUNESCO%20des,dans%20l'esprit%20de%20tous.

Cynthia Empain s'est rendu au 67è congrès de l'ABF qui avait pour thème "Les Bibliothèques sont-elles indispensables?" Voici son compte rendu : 
 

Après une annulation en 2020 et un congrès 100% en visioconférence en 2021, les congressistes ont enfin eu le plaisir de se retrouver « en vrai ». La ville de Metz a été choisie pour organiser ce 67e rendez-vous des bibliothécaires de France (et d ’ailleurs) et une question importante au vu des deux années passées a été mise en avant : « Les bibliothèques sont-elles indispensables ? »

C’est du 2 au 4 juin 2022 que la profession a essayé d’y répondre, même si nous sommes tous d’accord pour dire que oui, cette question est primordiale au vu des différents discours et des fermetures/réouvertures subies lors de ces deux dernières années. Selon Marilyn Maeso, philosophe et enseignante qui a donné la conférence inaugurale, les bibliothèques ont un rôle primordial de redistribution du savoir ; elles permettent de veiller à ce que « bien commun » (la culture, la lecture,…) ne soit pas seulement accessible à une élite mai bien à tous et toutes ! Et c’est bien là le rôle essentiel de nos institutions : permettre aux personnes de tous les milieux socioculturels d’avoir accès à la culture, indépendamment de qui est on est ou de ce qu’on possède. Les bibliothèques sont des outils indispensables contre le « repli sur soi », les discours de haine,… les livres permettent de s’ouvrir à ce qui n’est pas familier, ce qui fait peur, aux autres cultures ou encore de vivre des expériences du point de vue de l’autre…et ça, c’est essentiel !

Durant ces trois jours, 600 professionnels se sont rendus au centre de congrès Robert Schuman afin d’assister à 27 conférence et de rencontrer 73 exposants parmi lesquels des associations, des éditeurs, des fablabs, des fournisseurs de ressources numériques etc. Il m’est donc difficile de vous parler de tout ce que j’ai vu ou entendu ! Je vais donc me concentrer sur plusieurs sujets qui m’ont paru pertinentes et qui démontrent la nécessité de lois protégeant nos institutions mais aussi leur importance dans nos communautés.

« L’accès de tou·te·s aux bibliothèques publiques est un combat »

L’exemple de La Trinité (Alpes-Maritimes)

En observant le cas de la médiathèque des quatre chemins à La Trinité (Alpes Maritimes), nous découvrons l’importance de l’accessibilité financière dans nos institutions et surtout de l’analyse du territoire. La médiathèque se trouve entre plusieurs quartiers populaires (certains situés sur la commune de La Trinité, d’autres à Nice) et à deux pas d’un hypermarché Auchan (l’un des deux plus grands de la région).

Ouverte en 2006, elle a vite connu un développement important grâce au soutien des élus et à la mise en place de pratiques innovantes qui ont trouvé leur public grâce à une analyse du territoire et des attentes du public ; sans oublier la gratuité totale.

La situation 10 ans plus tard, en 2017 montre que sur 10000 habitants, 3200 sont inscrits et 52 à 58 % de ces inscrits sont des Trinitaires. Ce qui laisse une large proportion de non-résidents.

Pourtant, fin 2017, la municipalité de La Trinité décide de rendre l’accès à la médiathèque payant pour les non-résidents. Il fallait alors s’acquitter d’un abonnement annuel pour avoir accès à l’ensemble des services (poste informatique, emprunts, utilisation du portail d’offres culturelles sur le site internet…La gratuité est gardée pour les enfants de moins de 11 ans mais ils devaient être accompagnés ! La décision est votée le 14 décembre pour une mise en place dès le 1er janvier 2018. Ce changement brutal a amené une diminution d’un tiers des entrées (seules 70 personnes ont payé le droit de 30 € dont 30 faisaient partie d’un centre aéré). Il va sans dire que cette discrimination au territoire a mené à une vraie levée de bouclier avec le lancement par les citoyens d’une pétition sur change.org, un reportage sur France 3 et de nombreux articles de presse. Le personnel a aussi fait appel au comité d’éthique de l’ABF afin de savoir quoi faire. Dans la foulée, l’ABF publie un communiqué le 23 janvier 2018 rappelant que « Le manifeste de l’UNESCO sur les bibliothèques indique clairement que “Les services qu’elle assure sont accessibles à tous, sans distinction d’âge, de race, de sexe, de religion, de nationalité, de langue ou de condition sociale.” L’article 6 de la Charte des bibliothèques, adopté par le Conseil Supérieur des bibliothèques, précise que “la consultation sur place des catalogues et des collections doit être gratuite pour l’usager.”1

Suite à cette mobilisation, et assez rapidement, les élus ont demandé la mise en place d’un règlement d’ordre intérieur assez restrictif (là où il n’y avait qu’une charte d’accueil) qui amène en avril 2018 à une petit « retour en arrière » : l’accès à la médiathèque est gratuit MAIS le droit d’emprunt passe à 30€ par ans dès 12 ans !

Il faut attendre le 24 octobre 2020 pour un retour à la gratuité de tous les services. Les usagers ne sont malheureusement pas revenus, certains ne se sentant plus accueillis ou ayant perdu toute confiance en leur médiathèque.

Cet exemple montre qu’il faut penser la bibliothèque et son public par le bassin de vie et non la commune dans son entièreté. Il est impératif de prendre en compte les réalités du terrain et du public. Et surtout, ne pas oublier qu’il s’agit d’un combat quotidien et que tout le travail effectué peut être anéanti en très peu de temps.

 

Le cas britannique : fermeture massive des bibliothèques

En 2010, David Cameron lance un programme d’austérité appelé « The big society ».  Le but affiché de cette idée est de créer un climat qui donne des moyens d'action aux communautés locales et aux personnes, créant une « grande société » qui reprendra le pouvoir accaparé par les hommes politiques et le rendra aux citoyens..2 La conséquence pour les bibliothèques ne se fait pas attendre : fermetures, diminution des bibliothécaires et recours massif aux bénévoles. Chaque burrough devant faire des économies, ce sont malheureusement le secteur culturel et plus particulièrement les bibliothèques qui ont été touchées.

Mais comment a-t-on décidé quelle bibliothèque reste ouverte et laquelle ferme ? On s’est surtout basé sur les statistiques d’inscription et de prêt ce qui ne reflète pas vraiment la totalité des activités organisées par l’institution. Une bibliothèque peut avoir peu de prêts mais offrir d’énormes services à sa population comme un accès à des ordinateurs, une aide aux démarches administratives, des animations, des cours d’anglais langue étrangère,…Hors ici, les bibliothèques ont plus été évaluées sur les mêmes critères, sans prendre en compte leurs spécificités.

Au niveau des chiffres, li faut faire attention car l’organisme qui collecte les informations n’est pas considéré comme fiable (par exemple, les informations de 2019/2020 n’ont été diffusées qu’en février 2022). Pourtant, on peut considérer qu’entre 2010 et 2019, il y a eu une coupe de 40 % dans les financements (de 1220 millions à 725 millions de livres) qui s’est traduite par 800 fermetures de bibliothèques et près de 15 000 bibliothécaires en moins3.

Ce sont donc les bénévoles qui ont pris la relève des bibliothécaires de métier car c’était le seul moyen de sauver leur bibliothèque de quartier ; créant des situations cocasses où les personnes manifesta t contre les décisions de leurs dirigeants finissent par « travailler » pour eux. La situation du bénévolat en bibliothèque a donc fortement augmenté puisqu’on est passé de 95 à 97 % du travail fait par des bibliothécaires de métier à environs 50 000 bénévoles en Grande-Bretagne. Pour ce qui est des bibliothèques uniquement gérées par des bénévoles, il n’y en avait que 5 avant 2010 contre 605 en 2019 ! Alors qu’on aurait pu penser que ça ne durerait pas, les bibliothèques de volontaires ont perduré et très peu ont fermé. La raison en est assez simple : les pouvoirs organisateurs les soutiennent en payant  le bâtiment (ce qui leur permet de garder une bibliothèque dans leur burrough) et les bénévoles sont souvent des retraités qui savent aller chercher des financements et ont des carnets d’adresses de leur ancienne profession. Les burroughs moins riches s’en sortent malheureusement moins bien par manque de ces volontaires et de leurs réseaux.

Pourtant, la situation n’est pas totalement désespérée car hors Angleterre, les autres pays de Grande-Bretagne s’en sortent mieux ; grâce notamment à des gouvernements pro-bibliothèques et plus à gauche mais aussi à des solutions comme les co-locations : des bibliothèques qui partagent leurs locaux avec d’autres services comme la poste, des centres de loisirs, des services sociaux,.. Un bon exemple de cette cohabitation est la bibliothèque Plumstead qui a été totalement rénovée en 2020. Il y a aussi eu de nouvelles constructions de bibliothèques comme Birmingham même si celle-ci a été lancée avant 2010. Elle n’a toutefois pas échappé à des restrictions budgétaires impliquant une diminution des heures d’ouverture et de sa surface en louant son deuxième étage à une université.

Si vous désirez en savoir plus sur le cas anglais, l’ouvrage «Bibliothèques britanniques contemporaines : autopsie des années de crise » dans la collection Le numérique des Presses de l’Enssib (disponible en libre accès sur OpenEditions books4) mais aussi le site de Ian Anstice, intervenant dans la conférence5 ou encore la rubrique Libraries du Guardian.

Enfin une loi française pour les bibliothèques !

Le 21 décembre 2021, la loi n° 2021-1717 relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée nationale et le Sénat français. Surnommée « Loi Robert » du nom de Sylvie Robert, sénatrice d’Ille-et-Vilaine à son origine, elle est aussi largement acceptée par les professionnels eux-mêmes, cette loi se veut aussi « être une reconnaissance pour le premier équipement culturel du pays » (Sylvie Robert).

Cette loi comporte 13 articles dont le premier rappelle que les bibliothèques « ont pour missions de garantir l'égal accès de tous à la culture, à l'information, à l'éducation, à la recherche, aux savoirs et aux loisirs ainsi que de favoriser le développement de la lecture. ». Elle précise aussi que l’accès aux bibliothèques et la consultation sur place des collections sont gratuites (art. 3 et 4).

L’art.5 résume les valeurs des bibliothèques en disant « {…}  sont pluralistes et diversifiées. Elles représentent, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, la multiplicité des connaissances, des courants d'idées et d'opinions et des productions éditoriales. Elles doivent être exemptes de toutes formes de censure idéologique, politique ou religieuse ou de pressions commerciales. Elles sont rendues accessibles à tout public, sur place ou à distance. » ; alors que l’article 7 confirme que ce sont les bibliothèques seules qui mènent leur politique documentaire (même si elles doivent les présenter à leur collectivité territoriale).

Quant aux art. 9 e 10, ils définissent les missions des bibliothèques départementales (équivalentes de nos bibliothèques d’appui) et le fait qu’on ne peut ni les supprimer, ni cesser de les entretenir ou de les faire fonctionner ; comme ce fut le cas en 2016 dans les Yvelines.

 

On le voit, cette 67 édition du congrès a tenté de répondre à la question « les bibliothèques sont-elles indispensables » par le biais d’exemples mais aussi de conférences sur l’accessibilité, l’utilisation des écrans par les enfants, le prêt numérique et bien d’autres.

Pour ma part, je dirais que OUI, nos bibliothèque sont indispensables, elles mènent une politique de service public essentielle pour tous et toutes et surtout elles sont gratuites (ou presque), ce qui est rare pour un équipement culturel !

 

 

 

 

 

 

  1. http://www.abf.asso.fr/1/192/743/ABF/-communique-labf-rappelle-que-lacces-aux-bibliotheques-doit-etre-gratuit-et-inconditionnel-
  2. Wikipedia ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Society
  3. sources CIPFA, Public libraries
  4. https://books.openedition.org/pressesenssib/11527
  5. https://www.publiclibrariesnews.com